Quand j’étais petite, je rêvais sans arrêt
La tête dans les nuages en permanence
Petit à petit, j’ai perdu cette capacité à rêver de tout et de rien
Je voulais être chanteuse
Caissière
Jockey
Soigneuse animalière
Coiffeuse
Directrice artistique
Palefrenière (ça, je l’ai été)
Créatrice de mode
Cowgirl au Montana
Exploratrice
Journaliste
Je rêvais de voyager aux 4 coins du monde
Voir le carnaval à Rio et à Venise
Voir la grande muraille de Chine
Les pyramides en Egypte
Les temples incas
Les merveilles de l’Inde
Les grandes plaines de l’ouest américain
L’Australie, aux côtés du chien Napoléon
Traverser le Sahara
Je rêvais que tout était possible
Bien loin de ma réalité difficile d’enfant vivant un enfer au quotidien
Avec un beau-père alcoolique et tyrannique
Je me voyais parcourir le monde
Combiner mes 1000 et 1 métiers selon mes envies
Tel un caméléon, m’adapter
Plus tard, j’ai rêvé d’un moi futur
Dont le corps serait recouvert de tatouages
A l’aise devant la caméra
Prête à toute sorte de shooting
Y compris du nu
Cet genre photographique qui m’a toujours émue et attirée
Par sa douceur, sa réelle pudeur
Celle qui se trouve au delà même de nos accoutrements
Celle qui puise sa source
Dans notre condition même d’êtres humains
Aujourd’hui, qu’en est il ?
Pourquoi est-ce que j’ai arrêté de rêver ?
Cette seconde nature est désormais source de stress
Comme si je ne m’autorisais pas à oser rêver d’autre chose
Comme si je n’y avais pas droit
Et pourquoi ?
En chemin, je me suis trop attachée à mon identité
J’ai cru qu’elle allait enfin être gravée dans le marbre
Pour ne plus avoir à me demander
“Qui suis-je ?”
Ni avoir à bégayer en me présentant
Je me rends compte à présent que c’était illusoire
Que tout est temporaire
Surtout nos identités
Et qu’on a le pouvoir, ainsi que le droit, d’en changer
Dès lors que nos ailes se sentent trop confinées dans notre cocon
Alors, il faut s’autoriser à muer
A évoluer
A changer d’identité
Se redécouvrir
Se présenter à nouveau au monde
Encore et encore
Et tant que le temps nous le permettra